Coralie Bonneau, nouvelle invitée à la table
TENNIS DE TABLE. Et si c’était elle, la future numéro 1 ? Dans un « ping » calédonien orphelin de plusieurs de ses meilleures joueuses, Coralie Bonneau, 26 ans, nouvelle venue sur le territoire, a le profil pour s’imposer. Encore faut-il qu’elle ne pose pas sa raquette dans les prochains mois... Elle sera en tout cas là demain au tournoi du Mont-Dore, dans le tableau de D2, en attentant mieux.
On a tous nos manies. Quand Coralie marque un point, elle serre le poing gauche. « C’est nouveau, je ne faisais pas ça dans ma jeunesse. Avant, je n’exprimais rien, je contenais tout, c’était un problème. Aujourd’hui, je m’exprime, quand ça va et aussi quand ça ne va pas », note-t-elle. Il y a bientôt deux semaines, pour sa première compétition en Calédonie, la nouvelle licenciée de l’AS Magenta n’a pas serré le poing autant qu’elle l’aurait voulu. Cinq matchs, tous contre des hommes, et aucune victoire. Alors elle a parfois un peu râlé, mais n’a pas lancé sa raquette. « Cela m’est déjà arrivé, mais non, là-dessus, j’ai fait des progrès », s’amuse Coralie, née au Mans, avant de grandir près de Nantes et d’arriver en fin d’année dernière ici, où vit l’une de ses deux sœurs. Au départ, la pongiste, mais aussi danseuse et gymnaste (elle a repris mercredi), devait s’installer plusieurs mois en Nouvelle-Zélande. La situation sanitaire liée au Covid-19 a finalement décidé Coralie à poser sa valise sur le Caillou. Une valise... sans raquette à l’intérieur, et c’est bien là l’un des soucis du moment. Il y en a d’autres, comme « les conditions de jeu », « très différentes » de ce qu’elle a connu jusque-là « en termes d’humidité, de chaleur » et donc d’« impact physique ». Et puis, « comme l’humidité reste sur les plaques, le toucher de balle n’est pas exactement le même ». Il y a aussi « ce problème à l’épaule », qui l’« oblige à jouer un peu différemment ». Et donc cette raquette, « faite un peu à l’arrache » pour la dépanner et trop « orientée sur la vitesse ». Contre-attaque Dans un prochain colis, Coralie a prévu de faire venir sa raquette laissée en Métropole. Elle a l’habitude de taper avec « un soft en coup droit, du contre offensif on va dire », et « une mousse en revers, classique, plutôt contrôle-effet ». Son style de jeu ? « Je dirais dans l’esprit attaquant, mais paradoxalement ce n’est pas souvent moi qui vais lancer la première attaque. Plus exactement, il vaut mieux pour moi que je ne lance pas la première attaque, c’est un défaut que j’ai un peu trop », rigole l’assistante en ressources humaines, à Ducos. « En théorie, il faut que j’amène l’autre à lancer sa première attaque, ensuite je pars en contre offensif et là c’est moi qui prends l’avantage et mène le jeu », déroule-t-elle. Une histoire de famille Il y a les plaques, mais aussi le bois, « le plus important sur une raquette sur la notion de contrôle-vitesse ». Là encore, ce qu’elle a en ce moment dans la main droite ne lui permet pas de s’exprimer pleinement. Ajoutez une pause de plusieurs mois en début d’année et vous avez des « sensations » qui ne « sont pas tellement revenues ». Du coup, « je ne suis jamais dans le ressenti et le jeu pur, je suis dans la réflexion, il y a toujours un temps d’hésitation et ça, c’est extrêmement agaçant », donc « en compétition je ne prends pas de plaisir », qui plus est face à des hommes en l’absence de suffisamment de joueuses. « On va dire que je me laisse trois tournois. En fonction de comment ça évolue, s’il faut lâcher la compétition cette saison je le ferai, et je reprendrai la saison d’après. » A peine commencée, la saison 2020 de Coralie pourrait déjà être bientôt terminée. Mais faut-il vraiment s’inquiéter ? Pas forcément. Car Coralie et le tennis de table, c’est une longue histoire... de famille. « Mon grand-père a été champion de France en double. Ma mère, attaquante et très tacticienne, a joué au niveau national et me bat toujours, à 55 ans. Et mon père a été joueur, coach et président du club de La Chapelaine », où toute la famille était licenciée, à 2 kilomètres de la maison. Coralie a joué de ses 8 à 18 ans, jusqu’au niveau régional, avant de reprendre six ans plus tard, « à la fac, à Lyon », où elle a également entraîné. Avec son classement actuel de 505 points (c’est peu, mais c’est dû à son arrêt de six ans), elle travaille ses gammes quatre fois par semaine depuis un peu plus d’un mois, la plupart du temps avec les garçons du centre territorial d’entraînement (CTE), où ça tape fort. Si elle ne baisse pas de rythme, elle sera à suivre lors du championnat de Calédonie mi-septembre à Nouméa. De là à l’imaginer titrée ? « On peut tout imaginer », sourit-elle. « Il paraît que les seules barrières sont celles qu’on se met, donc je n’en mets pas, mais je ne me mets pas de pression non plus. On verra où ça ira. Je pense que les gens sont plus convaincus que moi de ce que je peux faire... »
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