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Jacques Secrétin, l’enfant de la balle, est passé de l’autre côté du filet


Le gaucher est mort subitement à 71 ans mercredi soir, laissant une trace indélébile dans l’histoire de son sport. Dès les 70 ans de Jacques Secrétin en 2019, la Fédération française du tennis de table (FFTT) lui avait rendu hommage : « Secrétin, un nom qui ne s’oublie pas et que le tennis de table français n’oubliera pas ».

C’est la FFTT qui a officialisé le décès de « l’enfant de la balle » (le titre de son autobiographie), faisant part de son « immense tristesse » dans une publication sur Facebook. Une « tristesse » partagée par le Levallois sporting club. « Jacques nous avait honoré de sa présence de 1985 à 2001. Nos pensées vont vers ses proches », a réagi le club des Hauts-de-Seine. Le Comité national et olympique sportif français (CNOSF) a salué « une légende du tennis de table et du sport français ». De son côté, la ministre chargée des Sports, Roxana Maracineanu, a rendu hommage à « une légende du sport français », « un virtuose dont l’adresse, raquette en main, n’avait que peu d’égal », voyant dans Jacques Secrétin « l’un des plus fervents ambassadeurs » du tennis de table, « qu’il a contribué à populariser à la frontière du sport et du spectacle ». Champion de France, d’Europe et du monde En hommage à ce pongiste au « palmarès incroyable », la FFTT a rappelé ses faits d’armes sportifs : en simple, champion d’Europe en 1976 et 17 fois champion de France, et en double mixte, champion du monde en 1977. Né le 18 mars 1949 à Carvin dans le Pas-de-Calais, Secrétin, fils d'un directeur d'école et pongiste, tombé dans le tennis de table quand il était petit, avait aussi décroché deux autres titres de champion d’Europe, en double messieurs en 1980 et par équipes quatre ans plus tard. Grâce à son palmarès, il a ouvert la voie à Jean-Philippe Gatien, le meilleur Français de la génération suivante, qui sera vice-champion olympique à Barcelone en 1992 et champion du monde l’année d’après à Göteborg. Un « showman » Jacques Secrétin, c’était aussi voire surtout « ses talents d’artiste et son célèbre show » avec Vincent Purkart, un autre champion de France. Le « show Secrétin - Purkart », concentré de facéties autour d’une table de ping-pong, a connu tant de succès qu’il accumulera plus de 4 000 représentations à travers le monde, dont un passage en Nouvelle-Calédonie. Le spectacle a aussi été un moyen, pour le moustachu et son compère, d’intéresser au tennis de table un public peu habitué aux compétitions. « C’est une tranche de vie qui a été exceptionnelle. J’ai joué devant 15 000 spectateurs. Ce fut une vraie promotion pour le tennis de table », acquiesçait alors Secrétin. Le ministre de l’Education, de la Jeunesse et des Sports, Jean-Michel Blanquer, a ainsi évoqué hier « un immense champion », qui a « tant fait pour le prestige et la popularité du tennis de table en France ». Virtuose raquette en main, talentueux sur les planches, le champion est resté accessible et engagé même après la fin de sa carrière sportive. « Homme au grand cœur », il exerçait notamment « une mission d’insertion sociale à la Fédération », a souligné la FFTT. Jusqu’à la fin de sa vie, il a continué à rendre des visites aux clubs français, à initier les jeunes ou à taper des balles dans les prisons avec des détenus. Sans perdre pour autant la soif de victoires qui le caractérisait. « Il avait comme objectif une médaille aux Mondiaux vétérans 2020 à Bordeaux », initialement prévus en juin dernier mais reportés en début d’année prochaine, selon la FFTT. « Il voulait absolument gagner dans la catégorie 70-75 ans. Il avait encore sa place parmi les six joueurs de l’équipe première », a assuré Jean-Claude Baert, le président du Club pongiste lyssois, où était licencié Secrétin. Il a joué à Nouméa Jacques Secrétin est venu sur le Caillou. « C'était juste avant que j'arrive en Calédonie, en 1974 ou alors début 1975 », retrace le président de la Ligue, Patrick Gillmann, qui a discuté « deux ou trois fois » avec Secrétin, notamment « lors de championnats du monde à Paris ». Le dirigeant dit avoir été peiné quand il a appris la nouvelle du décès de celui qu'il qualifie de « légende vivante du tennis de table : c'est lui qui a fait en sorte qu'on parle » de ce sport en France. Patrick Gillmann a vu « plusieurs fois le show » Secrétin - Purkart, mais pas à Nouméa, même si cela aurait pu se faire. Selon Patrick Gillmann, un nouveau passage de Secrétin en Calédonie a plusieurs fois été évoqué, « dans les années 90 », mais « les comptes de la Ligue ne l'ont pas permis, car ça coûtait cher : il fallait payer le voyage, l'hébergement... » Henri Wo, lui, a côtoyé Jacques Secrétin à Nouméa. « C'était dans la salle omnisports de l'Anse-Vata », dit-il. « Il était venu car il était en tournée en Australie. Avec Vincent Purkart, ils ont fait un match contre la sélection » calédonienne. « Moi, j'ai joué contre Purkart, j'ai perdu deux fois 21-19. Et mon frère, François Wo, qui est maintenant en Métropole, il a joué contre Secrétin. Il n'a pas gagné. » Henri a croisé une seconde fois Secrétin, « aux championnats du monde à Melbourne en 1993 », mais ne l'a pas affronté. Si tel avait été le cas, lui aurait-il pris un set ou plus ? « Non, il est complet, il est beaucoup plus fort. Il a de super services... On l'appelait le Maître. Il était au-dessus du lot. » Anthony Fillet

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